Le 22 Février 2021, le duo le plus légendaire de la scène électronique annonçait sa séparation par une intrigante vidéo nommée « Epilogue« . Cataclysme dans le monde de la musique : Daft Punk tire sa révérence et laisse orphelins des millions de fans à travers le monde. A cette occasion particulière, j’ai décidé de vous offrir un mix où j’ai humblement tenté de retracer au travers de quelques musiques la carrière de nos deux héros casqués, instigateurs de ce mouvement qui a célébré autour du globe cette hype française dénommée « French Touch« .
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(Prochainement)
Daft Punk – Hi-Story of Music (Free Download)

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Mon histoire personnelle avec Daft Punk
Ma carrière de DJ démarre officiellement en décembre 1996 (soit 25ans en cette fin d’année). Je suis alors étudiant à Caen (14), et « apprenti » DJ les week-ends à la discothèque l’Aventure du casino de St-Pair-sur-Mer (50). Mes quelques rares économies passent dans l’achat de disques pour commencer à constituer ma collection et pouvoir jouer sur vinyles (je fais effectivement partie de ces « vieux » DJs qui ont commencé sur les fameuses Technics SL-1000 MK-II).
C’est Laurent Garnier, dont j’admirais l’aptitude à se faire chevaucher deux disques le plus longtemps possible, qui m’a donné envie de faire ce métier. Mon 1er achat de disque lui sera dédié : en 1997, je trouve à la Fnac de Caen le Maxi 45 T. Astral Dreams de F. Comm (Pressé sur une seule face avec le logo de l’autre côté). Bien que les ventes de CD étaient en train d’exploser, et que le matériel technique était en plein développement à cette époque, un DJ était davantage crédible et respecté quand il jouait sur vinyles. L’histoire nous montrera que les moeurs évoluent 😉
Oui mais voilà, avec un seul disque, il est impossible de mixer. Il me fallait donc développer ma discothèque rapidement …
C’est en fréquentant le disquaire « Sonic Records » que j’ai pu ainsi commencer à remplir mon flight case et acheter mon tout 1er album: « Homework » de Daft Punk. Le double disque scellé sous le bras, je paradais dans la rue, trop fier d’avoir découvert quelques semaines auparavant ce groupe, au travers du clip légendaire de Spike Jonze et ce chien boiteux qui déambule dans les rues de new-york avec un ghettoblaster (Merci à M6 qui diffusait des clips alternatifs tard la nuit).
Dans ma chambre d’étudiant, il y avait seulement un électrophone aux enceintes clignotantes, « emprunté » à ma soeur. Je ne me rappelle plus ma réaction à la 1ère écoute, mais ce dont je me rappelle, c’est que je trouvais absolument fascinant « Funk Ad » (Da Funk joué à l’envers) et la diversité des morceaux de l’album.

Da Funk était bien évidemment pour moi LE morceau de l’album (oui, devant Around The World). Teachers était également important car il rendait hommage à de nombreux DJ / Producteurs qui ont façonné l’histoire de la musique. Indo Silver Club résonnait dans ma tête car je connaissais le son sans savoir d’où il provenait (j’ai appris des années plus tard qu’il s’agissait d’un sample de « Karen Young – Hot Shots« , que j’ai eu également en vinyle à la même période). Et Rollin’ & Scratchin’ a été usé un paquet de fois par la tête de lecture !
Bref, cet album présente toujours à l’heure actuelle de nombreux hits intemporels, et avait déjà un esprit visionnaire. Le fait qu’il ait été réalisé dans une chambre d’enfant rajoute de la magie à ces morceaux.

où l’on y découvre une partie des visages du duo.
Par la suite, j’ai « grandi » avec Daft Punk sans jamais réellement m’y intéresser davantage. Je n’ai jamais vraiment accroché sur Discovery, où je trouvais l’omniprésence du vocoder gênante, ni de Human After All, trop expérimental à mon goût.
Evidemment, en tant que DJ de club je n’ai pas pu passer à côté de certains hits (One More Time, Hi-Life, ou Television Rules the Nation …) mais hormis les sons du 1er album, jouer du Daft Punk en club n’était pas si évident.
C’est en 2010 que je suis re-tombé amoureux du duo avec la B.O du film Tron L’Héritage (l’un de mes films préférés) puis définitivement sous leur charme « en 2013 avec l’album « R.A.M » et son univers groovy et funk des années 70 ré-actualisé.
Je n’ai (malheureusement) jamais pu assister à l’un de leurs concerts, et n’ai toujours pas vu encore à ce jour ni Interstella 5555 (bien que fan d’Albator), ni même Electroma !
Ceci étant, j’avais tout de même la collection quasi-complète du label Crydamoure et Roulé dont l’un de mes préférés : « Alan Braxe – Vertigo« . Entre samples funk et house filtrée, je trouvais davantage mon compte sur les sorties de leurs labels respectifs.

Pourquoi faire un mix hommage aux Daft Punk ?
Toute longévité dans le milieu se respecte, et d’autant plus quand il y a eu autant de hits.
On pourra reprocher ce qu’on veut au duo casqué, rien ne dure sans talent, ni travail ou remise en question.
En décryptant récemment leur façon de faire, j’ai compris sur le tard que les Daft ont toujours mis en avant leur liberté artistique, de création, et ont développé univers personnel en innovant chaque fois. Leur génie tient au fait d’avoir su se renouveler, tout en en prenant des risques et ce, toujours à contre-courant des modes de l’industrie musicale.Beaucoup s’y sont essayé et n’ont pas réussi, et cela mérite le respect, tout simplement.
Il est assez étrange d’ailleurs de voir que de nombreuses personnes reviennent donner une seconde écoute à « Human After All » juste parce qu’il s’agit d’un album des Daft Punk (réalisé en moins de deux semaines je précise), et l’apprécient désormais.
Aimer Daft Punk, c’est peut-être tendance, mais il faut bien l’avouer, le duo robotique a su fédérer autour d’un projet musical, et gagner le coeur de millions d’auditeurs. Il n’y a qu’à voir les messages de désespoir à l’annonce de leur séparation, de nostalgie, mais aussi de soutien et de remerciements. Je pense que même Claude François et Johnny n’ont pas cumulé autant d’éloges à eux deux !
Qu’on aime ou pas, le duo français à présenté un univers et l’a toujours assumé. Libre à chacun ensuite d’y rentrer et de s’en imprégner.
L’ annonce du clap de fin m’a fait découvrir (merci la suggestion Youtube), l’une des rares interviews existantes en français.
Cette interview de 2009, issue de « Autre Radio, Autre Culture » (un podcast radio d’Arte / lien tout en bas de cet article) a été une véritable découverte. Elle est reprise en partie dans le film « Daft Punk Unchained » de 2015 (que je me suis regardé récemment dans le cadre de cette documentation).
C’est la première fois que j’entendais vraiment Thomas Bangalter et Guy-Manuel De Homem Christo parler ouvertement de leur travail, même si ce dernier est beaucoup moins prolixe ( <vous chercherez dans le dictionnaire 😀 ).
J’ai donc pris le temps d’écouter cet échange radio en intégralité, de le décrypter, le comprendre, mais surtout, d’apprendre !
« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien » (Socrate)
… et effectivement, je me suis aperçu que je ne savais finalement pas grande chose du duo. Cette interview m’a appris à comprendre qui ils étaient réellement, leur philosophie, et leur vision artistique. (La preuve qu’on apprend toujours même après des années de métier)
Je me suis dit qu’il serait finalement juste de rendre hommage aux Daft, d’excuser mon ignorance, et de les remercier à ma façon d’avoir accompagné 28 années de nos vies, en utilisant cette interview comme point de départ d’une histoire musicale. (Je remercie Bon Entendeur pour l’inspiration 😉
Une progression chronologique
Hi-Story of music (combinaison de « History » et de « Hi » dans le sens « grandiose » du terme) est de loin le mix thématique le plus difficile que j’ai eu à faire, non pas techniquement, mais parce qu’il a nécessité 5 jours de travail complet de recherche pour assurer une vraie cohérence.
J’ai vraiment eu besoin de me documenter, de regarder de nombreuses vidéos et de comprendre les différentes étapes de la vie du groupe. J’ai lu énormément d’articles également, y compris pour faire celui-ci.
Il a ensuite fallu découper les séquences de l’interview, détacher certaines phrases spécifiques, et parfois les écourter et les reconstruire (sans en changer le sens) pour respecter un certain timing.
Il a fallu enfin faire le parallèle entre les musiques que j’ai sélectionnées et ces étapes de vie, puis se remettre dans le contexte de chaque période. Le contexte social et musical est important. L’évolution des moeurs vis-à-vis de la musique encore plus, sans compter les moyens techniques et l’évolution de la production de chaque période.
Tout cela m’a permis de découvrir les différentes facettes du groupe et d’approfondir sa philosophie et sa réflexion autour de la musique, et a totalement changé ma perception de leur travail, et du mien par la même occasion !
« Un DJ, ça raconte une histoire avec la musiques des autres«
Cette maxime de Laurent Garnier, a toujours été un leitmotiv dans ma vie. Je sors effectivement rarement des mixs, et quand c’est le cas, c’est pour créer un univers de toute pièce et pouvoir y plonger l’auditeur. L’intérêt est de pouvoir y observer un début, un milieu, une fin, mais aussi une progression, et c’est ce à quoi j’ai tenté de m’appliquer en racontant l’histoire des Daft par les Daft eux-mêmes.
J’ai donc décidé de réaliser une découpe en diverses phases, afin que chaque auditeur comprenne cette évolution dans le temps, et puisse capter ce qui fait est l’essence même du groupe: l’innovation.
(note: les dates peuvent parfois différer entre l’année de production musicale, l’année de sortie du morceau, ou les re-issues des labels)
Un tracklisting respectant les époques
PROLOGUE
1996 – Daft Punk – Musique (Da Funk EP / Virgin Records )
THE DARLIN’ ERA
1992 – Darlin’ – Darlin 2 (Darlin EP / Duophonic)
1994 – Daft Punk – Assault (The New Wave EP / Soma Recordings)
1991 – Primal Scream feat. Andrew Weatherall – Loaded (Creation Records)
HOMEWORK ERA
1995 – Daft Punk – Daftendirekt (Homework / Virgin Records)
1994 – Daft Punk – Da Funk (Da Funk EP / Soma Recordings)
1994 – Daft Punk – Rollin’ & Scratchin’ (Da Funk EP / Soma Recordings)
1997 – Daft Punk – Burnin’ (Homework / Virgin Records)
ROULE – SCRATCHE / CRYDAMOURE ERA
1998 – Thomas Bangalter – Club Soda (Trax on Da Rocks Vol.2 / Roulé)
1998 – Scott Grooves feat. Parliament & Funkadelic – Mothership Reconnection (Daft Punk Remix / Soma Recordings)
1999 – Le Knight Club – Hysteria (Crydamoure)
DISCOVERY ERA
2001 – Daft Punk – One More Time (Discovery / Virgin Records)
2001 – Daft Punk – Face to Face (Discovery / Virgin Records)
2001 – Daft Punk – Night Vision (Discovery / Virgin Records)
2001 – Daft Punk – Aerodynamic (Discovery / Virgin Records)
HUMAN AFTER ALL ERA
2005 – Daft Punk – The Brainwasher (Human After All / Virgin Records)
2005 – Daft Punk – Television Rules The Nation (Human After All / Virgin Records)
2005 – Daft Punk – Robot Rock (Human After All / Virgin Records)
2005 – Daft Punk – Technologic (Human After All / Virgin Records)
RANDOM ACCESS MEMORIES ERA
2013 – Daft Punk – The Game of Love (Random Access Memories / Columbia Records)
2013 – Daft Punk feat. Pharell Williams – Get Lucky (Random Access Memories / Columbia Records)
2013 – Daft Punk feat. Julian Casablancas – Instant Crush (Random Access Memories / Columbia Records)
MOVIE ERA
2002 – Thomas Bangalter – Tempus Edax Rerum (Irreversible OST / Roulé)
2010 – Daft Punk – Derezzed (Tron Legacy OST / Walt Disney Records)
PRODUCTION & COLLABORATION ERA
2013 – Kanye West – On Sight (Yeezus / Roc-A-Fella – Def Jam Recordings)
2016 – The Weekend – Starboy (Starboy / XO Records – Republic – Universal)
2010 – N.E.R.D. – Hypnotize U (Nothing / Interscope Records)
2014 – Pharrell Williams feat Daft Punk – Gust of Wind (Girl / Columbia Records)
2017 – Parcels – Overnight (Overnight / Kitsuné)
Quelques précisions sur les choix musicaux
Je vous entends déjà dire :
> « ah mais pourquoi t’as mis ce morceau et pas celui-ci ? »
Effectivement, ce mix ne répondra sans doute pas à toutes vos attentes et pour cause : je me suis imposé des contraintes. Parmi celles-ci : Un timing limité à 1H d’écoute environ (le mix fera finalement 1:02:47), et max 4 morceaux par album.
Tout mettre n’aurait rimé à rien et il a fallu faire des choix. Des choix de musiques qui respectent la chronologie, qui soulignent les passages de l’interview, et qui, dans le possible, puissent se mixer entre elles.
> » Oui mais tu as oublié de mettre untel ou untel » …
Encore une fois, il s’agit d’être cohérent dans la construction du mix, et d’illustrer musicalement ces différentes époques, les productions des albums.
Sachant que l’interview était sortie en 2009, soit 4ans avant Random Access Memories, il a fallu rajouter des extraits d’une autre interview postérieure à la création de l’album (celle de Radio Nova dont je vous mets le lien ci-dessous)
Quant au choix des remixes, productions et collaborations, je pense qu’il était possible de créer une toute autre compilation avec car plus l’on creuse (merci Discogs), plus on en trouve !
Pour terminer, je vous ai fait ci-dessous une petite sélection de morceaux crédités Daft Punk (ou d’au moins l’un des deux acolytes)
N’hésitez pas à dire ce que vous en pensez, en commentaires ci-dessous, à partager, à télécharger …
PS: Thomas et Guy-Man, si un jour vous lisez cet article … je tenais juste à vous dire MERCI <3
La sélection musicale alternative
113 feat. Thomas Bangalter – 113 Fout la Merde
qui a invité son ami Guy-Man a la réalisation et à l’écriture de ce morceau.
The Micronauts – Get Funky Get Down
Franz Ferdinand – Take Me Out (Daft Punk Remix)
Les références RADIO
(Merci à elles et aux personnes qui ont posté ces rares interviews)
- AUTRE RADIO, AUTRE CULTURE (2009)
- INTERVIEW RADIO NOVA – SORTIE RAM (2013)
- INTERVIEW FRANCE INTER – SORTIE RAM (2013)
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Auteur : Cedric / ICE-BEG
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